Mexique, suite et fin ??


17 Janvier 2019
Non sans mal, nous arrivons à Guadalajara, deuxième plus grande ville du Mexique. Il y avait bien longtemps que nous n’avions pas roulé avec autant de trafic, ni croisé autant de monde au mètre carré. Et pourtant, c’est ici que nous avons décidé de déposer nos sacoches le temps d’un mois. Via une amie, nous avons trouvé un bénévolat. Un chambre gratuite en échange de 10h de travail hebdomadaire, dans une maison communautaire. Assez vite l’ambiance de la ville et de la maison nous plaît énormément, et nous décidons de prolonger un petit peu notre séjour. Il faut dire que nos journées sont bien remplies et en parallèle de nos cours d’espagnol, nous intégrons plein de super projets : construction d’un jardin communautaire sur le toit de la maison, récupération de nourriture invendue pour une coopérative, présentation de notre voyage dans le cadre d’un festival, dans une école et pour couronner le tout nous sommes invités à participer à une conférence TEDx en espagnol ! Le temps d’un moment nous renouons avec la vie sédentaire, retrouvons une vie sociale, …

Après 5 semaines intenses en rencontres, en bénévolats et en émotions, l’appel de la route se fait ressentir. Nous avons les jambes qui frétillent, et nous nous sentons excités de remonter en selle. C’est les yeux humides que nous quittons la Casa Moustache, notre nouvelle famille créée au Mexique. Nous rejoignons Cuernavaca, au sud de Mexico city, en bus pour rejoindre nos amis Laurie et Diego, et de la recommençons enfin à pédaler en direction des montagnes. En quelques jours nous traversons l’état de Morelos, de Puebla pour arriver dans l’état de Oaxaca.

Nous grimpons et descendons sans cesse sous une chaleur accablante. En effet l’été semble arriver à toute vitesse, et désormais nous roulons sous des températures frôlant les 35 degrés à l’ombre. Nous passons des journées entières à pédaler, enchaînant les kilomètres et les dénivelés. Nous suons de tous nos êtres, alors pour compenser nous buvons près de 6 litres d’eau par jour, par personne.

Mais malgré les difficultés nous sommes heureux. Heureux de reprendre une vie simple, une vie d’itinérance et d’eau fraîche (enfin, très rapidement tiède avec cette chaleur). Nous atteignons la ville de Oaxaca après 470 km d’effort en 6 jours, et en profitons pour visiter la cité préhispanique de Monte Alban.

Après encore quelques jours de montagne, nous redescendons vers les côtes et fonçons à toute vitesse vers le Guatemala. Des rumeurs annoncent la fermeture des frontières dans quelques jours. C’est à Santo Domingo Zanatepec, à moins de 300 km du Guatemala que nous sommes coupés en plein élan. La nouvelle tombe: le Guatemala ferme ses portes. Nous sommes le 15 mars, l’épidémie du coronavirus, alias Covid-19A, qui frappe la chine depuis déjà quelques mois devient pandémique. Nous décidons de nous arrêter pour prendre un peu de temps pour réfléchir. Que faire ? Petit à petit la planète commence à prendre la mesure de la crise sanitaire qui nous attend, et un par un les pays du monde ferment leurs frontières et annoncent le confinement. A la différence de la plupart des pays, le Mexique ferme les yeux et tarde à prendre des mesures. Mais on le sait, c’est inévitable et ce n’est plus qu’une question de jours avant que comme partout dans le monde, nous aussi nous devions nous confiner. Mais que devons nous faire ? Rentrer en Europe ? Ou trouver un endroit ici au Mexique et attendre que ça passe ? Pour combien de temps ? D’autant plus que l’aveuglement du Mexique face à la crise effraie. Alors que tous les pays prennent des mesures drastiques, le président du Mexique fait des bains de foule déclarant haut et fort: “Mon bouclier protecteur, c’est une image religieuse qui dit : ‘Arrête-toi, ennemi, le coeur de Jésus est avec moi!’. Ça me protège.“. Que faire ? Puis tout s’accélère, de nouvelles rumeurs courent sur la fermeture prochaine des aéroports, et donc par la même occasion de nos chances de rentrer. Logique, mais il faut se décider, et vite. Le choix du cœur ? Ou celui de la raison ?

Nos ambassades respectives confirment nos doutes, ils nous faut rentrer. 92h, 2 taxis, 2 bus et 2 avions plus tard, nous atterrissons en Belgique.

A notre tour nous nous confinons, si proches de nos proches, avec interdiction de les approcher. C’est brutal. Il y a encore 10 jours nous roulions bien loin de toutes ces préoccupations, bien loin d’imaginer que ce bout de voyage touchait à sa fin. C’est fou à quel point tout peut basculer d’un coup, d’un seul. Dans un sens, nous y étions préparés. Ne rien prévoir, s’adapter et vivre au jour le jour, nous appliquons ce style de vie depuis 8 mois et 6 jours. Nous mettons donc ce voyage entre parenthèses, pour combien de temps, personne ne le sait. Une nouvelle page de l’aventure s’ouvre, pour l’instant en belgique. Pour combien de temps, personne ne le sait. Ne rien prévoir, s’adapter et vivre au jour le jour. Après 8 mois et 6 jours de voyage, on le sait: Quand rien n’est prévu, tout est possible.