Retour au pays de l’oncle sam
Après 4 jours de repos chez notre amie Mathilde à Kelowna (Canada), nous rallions rapidement la frontière Canada/USA. Nous sommes un peu stressés car nous souhaitons obtenir une nouvelle autorisation de voyage. Rien n’est certain, légalement nous n’y avons pas droit et donc tout dépend de la sympathie du douanier. Au bout de 45 minutes d’interrogatoire, bonne nouvelle : un nouveau tampon est apposé sur notre passeport et un nouveau 3 mois pour parcourir les USA nous est accordé.
Nous entrons aux États-Unis via l’état de Washington, à d’ailleurs ne pas confondre avec la capitale Washington DC sur la côte Est, à plus de 3500 km. Et quel choc. En l’espace d’une centaine de kilomètres, nous avons troqué le temps maussade pour un climat sec aux couleurs de désert, l’odeur des sapins pour celle des pommiers et enfin les ours contre les serpents, … Aucun de nous deux ne s’attendait à cela. En effet, cette vallée coincée entre Cascade Mountain à l’Ouest et les Rocheuses à l’Est bénéficie de son propre climat. Nous sommes en pleine saison de ramassage des pommes et ça s’affaire autour de nous. Les ouvriers travaillent sans relâche dans les champs, pendant que les camions bourrés à craquer font des allers-retours sur ces petites routes poussiéreuses. Nous continuons notre avancée vers le sud, enivrés par ces odeurs de cidre omniprésentes. Et plus nous avançons, plus l’état de Washington continue de nous étonner. L’accueil qu’on reçoit est exceptionnel. On nous offre des légumes sur le bord de la route, un lift un jour glacial, et même un lodge avec jacuzzi le temps d’une nuit pluvieuse.
27 Septembre 2019. Nous devons accélérer la cadence car malgré nos efforts, l’hiver nous rattrape. Une tempête de neige frappe le Montana et nous arrive droit dessus. Les chaînes d’infos l’annoncent en boucle : « Un puissant blizzard a balayé le nord des Rocheuses au cours du week-end : il s’agit de la première offensive hivernale de la saison, mais aussi de la pire tempête de neige pour un mois de septembre… depuis 1934 ! ». Bref, pas le temps de niaiser. Via Google Maps nous repérons une petite route qui coupe à travers la montagne pour rejoindre Ellensburg, nous esquivant une route plus longue et plus dangereuse sur l’autoroute. Nous quittons le nid douillet de chez Sue et Brent, qui nous ont invités spontanément hier soir (encore et toujours l’état de Washington), confiants de cette belle journée. La première partie est agréable, beau soleil sur une petite route sans trafic. Nous attaquons la grimpette en fin de matinée, forcément notre avancée se fait plus lente. Un coup de pédale après l’autre, la côte se raidit. Et pour ne pas arranger nos affaires la route de bitume se transforme en chemin de gravier. Trop pentu pour rouler, nous devons pousser nos vélos. Le chemin s’étire et le sommet semble s’éloigner. Un 4×4 de passage vient à notre rencontre. Il nous fait comprendre que jamais nous n’atteindrons Ellensburg aujourd’hui. Pour lui et son 4×4 c’est encore 1h30 de route rien que pour atteindre le col, pour nous encore de longues heures de « poussette ». Nous hésitons, nous ne souhaitons vraiment pas se faire piéger par la tempête, alors c’est à contrecœur que nous décidons de faire demi-tour. Quel sentiment étrange, revenir sur nos pas, vent de face qui plus est, perdre une journée bêtement, avoir sué comme ça, pour rien. Pourtant en toute relativité, ce n’est pas si important, cette journée n’était pas plus dure qu’une autre et perdre une journée n’est rien sur un voyage si long, et pourtant…c’est dur à avaler. Nous retournons un peu penaud chez Sue et Brent, qui de nouveau nous accueillent comme des princes et qui, par leur bonne humeur contagieuse, nous remontent le moral en un rien de temps.
C’est avec un jour d’avance sur la neige que nous sortons de la vallée, pour poursuivre en longeant le Columbia, fleuve frontière entre l’état de Washington et l’état d’Oregon, cette fois en direction de la côte Pacifique. Nous prenons quelques jours de pause à Portland en tant que « house sitters ». Nous avons à notre charge un chien (Simcoe) et un chat (Finn) en échange de l’hébergement. Pour le temps d’un weekend, nous avons le sentiment d’avoir un chez soi. Surtout que Portland est une ville super chouette où il fait vraiment bon vivre. Bike friendly, écolo, hipster et décalée, l’ambiance de la ville nous plaît beaucoup et promener Simcoe nous permet de découvrir de fond en comble le quartier. Belle découverte.
Nous atteignons la côte pacifique le 8 octobre. L’air de l’océan nous ravive et nous roulons à toute allure poussés par un vent de dos. Nous oscillons entre la côte et l’intérieur des terres. Tantôt plage et falaise vertigineuse vue sur la mer, tantôt forêt de Séquoias géants.
Nous entrons dans un nouvel état : la Californie. Nous l’avons fait, nous avons (enfin) trouvé le beau temps et la chaleur. Tous les jours nous roulons sous un beau soleil, et rechargeons notre stock de vitamine D, avant de poser notre tente pour s’endormir sous de magnifiques ciels étoilés.
Ça fait un bien fou. Nous ralentissons un peu le rythme, en avançant lentement mais surement vers notre prochaine ville étape : San Francisco.
Anecdote
- Depuis que nous longeons la côte, nous avons vu ; des baleines, des otaries, des dauphins, des éléphants de mer, des serpents, des zèbres (ca, pas trop compris…), des pluies de sauterelles et UNE tarentule.
- Comme un incontournable de la côte ouest et surtout de la californie, le cannabis est partout. Y compris chez notre grand-mère d’adoption, 78 ans, qui nous héberge en pleine période de récolte et de préparations en tous genres; sirop d’érable au cannabis, Mac n’ Cheese au cannabis, crème anti-inflammatoire au cannabis…
- Fatigues du pain blanc américain, Mamie Karen nous a refilé la recette de son pain multigrain maison, maintenant on fait le nôtre dès qu’on a un four à disposition!