Dans mon pneu, il y a des cactus


6 décembre 2019.
Un coup de tampon et nous y sommes, nous sommes au Mexique. Á Tijuana plus exactement. D’un côté à l’autre du mur, le contraste est saisissant. Côté américain, du goudron, des centres commerciaux et des fast-foods. Côté mexicain, une ville de 1.6 millions d’habitants, aux routes défoncées, où se succèdent des petites échoppes vendant plus ou moins de tout. Et ca grouille de monde, de partout. Voitures, motos, vélos, piétons, chiens errants, street-food,… le tout forme un magnifique bordel. Nous ne traînons pas, l’objectif est de s’extirper de ce “vacarnaum” avant que la nuit ne tombe. Nous avons un hôte à une vingtaine de kilomètres. Nous avançons tant bien que mal, suivant aveuglément les indications de notre application mobile. A coup de 15/20%, nous grimpons sur les hauteurs de la ville. Nous suons à grosse goutte et pour ne pas arranger nos affaires, la pluie fait son apparition. Nous ne le savons pas encore, mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. En effet le GPS à la bonne idée de nous faire passer par un camp militaire dont l’accès est interdit au public. Pas le choix, il nous faut faire demi-tour et nous devons emprunter le périphérique. Une crevaison plus tard, nous nous retrouvons de nuit sur une autoroute bondée, à rouler sur le bas côté dans des torrents de boue, sous une pluie diluvienne, 2h durant. Nous arrivons à destination, exténués. Notre premier jour au Mexique. Quel arrivée !!!

Nous décidons d’attaquer le Mexique via la Baja California, une péninsule située au Nord-Ouest du pays. Le hasard des rencontres met sur notre chemin Thomas & Lucie, un couple de français qui voyagent en tandem semi-couché, et Jérémy, un belge sur les routes depuis 4 ans et demi. C’est assez naturellement que nous décidons de poursuivre le chemin ensemble. Après quelques jours de pause à Ensenada, nous repartons à 5, motivés comme jamais pour affronter les 1500 km de désert de la Basse Californie.

Au fur et à mesure que les jours passent, l’organisation de notre petit groupe se met en place. Globalement chacun avance à son rythme, et nous nous attendons pour les pauses goûter et lunch. L’avantage d’être 5 permet des prises de décision en démocratie, on vote pour s’arrêter, où dormir, et quelle route choisir. Mais surtout, l’entente entre nous est au top. Nous prenons un plaisir fou à partager ce bout de route ensemble, soudés comme une petite famille. Bizarrement nos journées sont assez inégales. Certaines sont superbes, et d’autres extrêmement chiantes. Mais comme on dit, seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Nous nous motivons mutuellement à avancer, face à la monotonie du désert.

 Oscillant entre les plages de l’océan Pacifique à l’Ouest et celle du golfe de Californie à l’Est. Nous suivons des routes rectilignes sans fin, traversant de denses forêts de cactus infinies. Pour la première fois du voyage nous ressentons la solitude procurée par un paysage aride et hostile à l’homme. D’ailleurs nous découvrons par la même occasion la gestion de l’eau. Elle est précieuse ici, et nous devons être certains d’en avoir en suffisance pour rallier le village suivant.

À Chaque village nous sommes invités à planter la tente devant chez l’habitant, voire même à nous installer dans une maison pour l’instant inoccupée. La générosité des mexicains est incroyable. On nous chouchoute, on nous cajole. Et quand ce n’est pas possible nous profitons de l’immensité du désert. Nous nous enfonçons de quelques centaines de mètres en dehors de la route, et plantons notre tente cachés derrière les cactus. C’est beau, nouveau pour nous. Des cactus partout, tout le temps, de toutes sortes. Bien évidemment arrive le revers de la médaille: les crevaisons… Nous essuyons au total 2 à 3 crevaisons par jour malgré des pneus soit disant increvables. Mais une fois encore, le fait d’être ensemble nous aide. Finalement nous en rigolons, réparons ça vite fait et c’est reparti.

Nous mettrons au final 20 jours pour rallier La Paz, point d’arrivée de la Basse Californie et point de départ du ferry qui nous emmènera rejoindre le continent. C’est les yeux humides que nous trinquons une dernière fois ensemble à la nouvelle année mais surtout à la fin de cette épopée de la team Marmol.